

NOTRE
HISTOIRE

1955
Le challenge Paul-Brisset, à Brienon
Raconté par Mr LAGUILLAUMIE
Pour ce challenge, je me contenterai de rapporter le compte-rendu que Guy Roux a fait, à l'époque, dans un bulletin intitulé : « Appoigny Football ». Il y fait un bilan complet de la saison avec, entre autres, une analyse des raisons de cette réussite, due à la « qualité des joueurs », à « l'esprit de camaraderie », à la présence grandissante des supporters, (qu'un arbitre a qualifiés « de public le plus sportif du département ») et au dévouement des dirigeants (président actif: M. Chantier, vice-président Jean Laguillaumie, secrétaire : Gilbert Masson, trésorier: Roger Soule, directeur sportif : Georges Vachette).
Dans son compte-rendu, Guy note, aussi, le nombre de matchs assurés par les joueurs et le nombre de buts marqués : Michel Boizet (47), Claude Chantier (25), Jeannot Larguet (14), Guy Roux (7), etc.
Il y rapporte, également, comment le challenge Paul-Brisset a été « soigneusement préparé », managé et gagné !
On trouve, déjà, alors qu'il n'a que dix-sept ans, toute la « patte » de Guy, tant au niveau des consignes de préparation qu'à celui des choix tactiques. Au moment où Guy a une réputation internationale, c'est un document presque « historique » que je n'avais plus et que Pierre Mary a eu la gentillesse de me donner.
« Une victoire soigneusement préparée.
Tournoi de sixte de Brienon »
Le 25 mai 1955, les cadets ramenèrent, de Brienon, le challenge Paul-Brisset, magnifique objet d'art, qui leur fut remis en récompense de leur victoire au tournoi de sixte. Dix équipes le disputaient, la plupart juniors, c'est-à-dire que les joueurs étaient un ou deux ans plus âgés que nous.
Nous y étions allés avec la ferme intention de gagner, car nous avions une revanche à prendre. L'année dernière, après avoir battu les juniors de Migennes, nous avions été écrasés 3-0 par ceux de Brienon, futurs vainqueurs du tournoi. Nous l'avions préparé avec un soin minutieux. Le jeudi précédent, jour de l'Ascension, nous avions fait un petit entraînement, contre les joueurs de première, qui nous avait permis de mettre au point notre tactique. En effet, le jeu à six demande une technique plus parfaite et une orientation différente que le jeu à onze. D'autre part, comme nous avions joué douze parties de sept minutes (pour nous habituer au temps), nous étions bien en souffle. Le samedi soir, nous étions tous couchés à 21 heures.
Le dimanche, nous sommes partis à 12 heures, pleins d'ambition, après un repas léger. Le tirage au sort nous favorisa. Au premier tour, nous devions jouer contre l'équipe C de l'Alliance Sens. En cinq minutes, la cause était entendue, nous menions 4-0. Nous ralentîmes le rythme de jeu, nous réservant pour la suite, nous contentant de marquer deux buts en seconde mi-temps, gagnant par 6-0.
Après le premier tour, il restait cinq équipes, cinq autres ayant été éliminées. Les cinq rescapés étaient: l'Alliance Sens 1, Joigny, Brienon, naturellement, Saint-Florentin et nous. Les organisateurs décidèrent de tirer au sort deux équipes qui se rencontreraient en vue d'éliminer le vaincu. Les deux papiers, sortis du chapeau, désignèrent l'équipe juniors de l'Alliance Sens, deuxième du Championnat de l'Yonne et... Appoigny.
Le match commença mal, pour nous, puisque, à la mi-temps, nous perdions 2-0. A quatre minutes de la fin, le score était inchangé et le béret de Monsieur Laguillaumie tournait désespérément sur sa tête. En plus, nous étions dominés. Soudain, Claude Laguillaumie s'empare de la balle, la lance à Claude Fornaroli, complètement démarqué qui, poursuivi par deux Sénonais, glisse la balle dans le coin des buts. Plus qu'un but de retard. Sens repart à l'attaque, Maurice Laguillaumie replié passe la balle à Guy Roux qui court vers le but adverse; au moment où un Sénonais le rejoint, il shoote de toutes ses forces presque les yeux fermés... Clameurs des supporters appoviniens, le but est marqué: 2 partout et encore deux minutes. Le même joueur, recevant la balle à 7 m des buts, trente secondes plus tard, shoote à ras de terre sur le gardien, mais la balle lui glisse des
mains et roule doucement derrière la ligne de but. Nous MENONS 3 BUTS à 2 et il reste une minute de jeu : tous groupés en défense, nous arrêtons les derniers assauts des Sénonais. Nous revenons de loin !
Mais la fatigue de ce match supplémentaire n'allait elle pas nous marquer pour les matchs à venir ? Heureusement, le tirage au sort nous oppose à Saint-Florentin en demi-finale alors que Brienon et Joigny nous semblaient plus dangereux. En cinq minutes, nous avions marqué deux buts et les Florentinois ne semblaient pas devoir nous inquiéter. Nous envoyâmes Maurice Laguillaumie, benjamin de l'équipe, se reposer à l'aile en vue de la finale. Nous nous contentâmes de museler les attaquants adverses marquant un troisième but en deuxième mi-temps.
Nous étions qualifiés pour la finale qui devait se jouer, une heure après, contre Brienon, qui s'était défait de Joigny. Nous allâmes nous reposer dans l'herbe fraîche, nous restaurant de thé très sucré, de bananes et d'oranges.
Un organisateur vint nous chercher dans notre retraite ombragée. Après un léger échauffement, nous avons pénétré sur le terrain, entourés d'une foule nombreuse, au milieu de laquelle nous avons reconnu, avec plaisir, quelques visages familiers de supporters qui étaient venus d'Appoigny. La finale était disputée en deux mi-temps de quinze minutes. Le jeu commença plus lentement que lors des matchs précédents, aucune équipe n'osant se livrer dans le début. A la neuvième minute, corner en notre faveur, Claude Laguillaumie, qui était monté en attaque, surprend la défense et loge la balle, de la tête, au fond des filets brienonnais. Nous
menons 1-0. Nous sommes ensuite un peu bousculés en défense. Gérard Lardet fait des prodiges, sauvant des balles en retourné devant les buts, luttant magnifiquement tandis que les avants Guy Roux et Claude Fornaroli semblent fatigués des matchs précédents. Cependant, ce dernier échappe à son garde du corps et d'un shoot en coin aggrave le score. La mi-temps survient.
Après le changement de côté, Brienon accentue sa pression et nous ne devons qu'à la brillante partie de notre gardien de but, Jean Chantier, de ne pas prendre de buts. Nos rares contre-attaques échouent sur le défense adverse. A deux minutes de la fin, un Brienonnais shoote à mi-hauteur et marque, mais il est trop tard et nous conservons le mince avantage d'un but qui nous permet d'emporter le « bonhomme de bronze ».
Un de l'équipe : Guy Roux. »
